La lipoprotéine(a), souvent notée Lp(a), est en train de devenir l’un des marqueurs les plus discutés en prévention cardiovasculaire. Ce sujet, trop longtemps laissé de côté, revient aujourd’hui au premier plan grâce à l’accumulation de données montrant son rôle direct dans le développement des maladies du cœur et des artères.
Lp(a), un facteur de risque à part
La Lp(a) ressemble au LDL-cholestérol, mais elle possède une protéine supplémentaire appelée apo(a). Cette particularité la rend plus agressive pour la paroi des artères et favorise aussi la formation de caillots. Sa concentration dans le sang dépend presque exclusivement de facteurs génétiques, ce qui explique pourquoi elle varie énormément d’une personne à l’autre. Certaines personnes ont un taux extrêmement bas, d’autres dépassent 1 g/L sans le savoir.
En France, plusieurs millions de personnes auraient une Lp(a) suffisamment élevée pour augmenter leur risque cardiovasculaire, sans aucun symptôme particulier.
Un rôle désormais bien établi dans les maladies cardiovasculaires
Les études menées ces dernières années confirment que la Lp(a) joue un rôle important dans plusieurs situations :
- progression de l’athérosclérose ;
- risque augmenté d’infarctus et d’AVC ;
- accélération des calcifications au niveau de la valve aortique ;
- aggravation du risque cardiovasculaire chez les personnes atteintes de diabète.
Ce qui interpelle particulièrement les cardiologues, c’est que la Lp(a) reste élevée même chez des patients dont le LDL-cholestérol est parfaitement contrôlé. Cela explique pourquoi certains continuent à faire des événements cardiovasculaires malgré des traitements optimaux.
Faut-il doser la Lp(a) ? Les recommandations récentes
Les sociétés savantes recommandent aujourd’hui de mesurer la Lp(a) au moins une fois dans la vie dans plusieurs situations :
- antécédents familiaux de maladies cardiaques ou d’accidents vasculaires ;
- diabète de type 1 ou 2 ;
- insuffisance rénale ;
- suspicion d’athérogénicité élevée.
Deux seuils attirent particulièrement l’attention :
- à partir de 125 nmol/L (environ 0,5 g/L), le risque commence à augmenter ;
- au-dessus de 250 nmol/L (environ 1 g/L), le risque devient nettement plus élevé.
Le test reste simple et rapide, même s’il n’est pas remboursé partout.
Quelles solutions aujourd’hui ? Et quelles perspectives ?
Les traitements classiques n’ont pratiquement aucun effet sur la Lp(a). Les statines, pourtant essentielles dans la prévention cardiovasculaire, ne la diminuent pas.
Les solutions actuelles sont limitées :
- certains inhibiteurs de PCSK9 permettent une baisse d’environ 20 à 30 % ;
- la lipoprotéine-aphérèse reste la méthode la plus efficace dans les cas sévères, avec une réduction allant jusqu’à 75 %.
La grande nouveauté vient des thérapies spécifiques en développement. Plusieurs traitements injectables ou oraux, actuellement en phases avancées d’essais cliniques, permettent des réductions très importantes de la Lp(a). Leur arrivée pourrait transformer la stratégie de prévention dans les prochaines années.
Un test simple, un impact potentiel important
Une analyse médico-économique récente montre qu’un dépistage systématique de la Lp(a) pourrait éviter des événements cardiovasculaires tout en réduisant les coûts de prise en charge à long terme. Pour une cohorte de 10 000 patients dépistés, plusieurs dizaines d’infarctus pourraient être évités.
Conclusion
La Lp(a) fait partie de ces marqueurs dont on a sous-estimé l’importance pendant trop longtemps. Sa mesure peut révéler un risque ignoré jusque-là, même chez des personnes ayant un mode de vie exemplaire ou un cholestérol bien contrôlé.
Dans un contexte où les nouvelles thérapeutiques se rapprochent de leur mise sur le marché, connaître son taux de Lp(a) devient un élément essentiel pour mieux anticiper et réduire le risque cardiovasculaire.

